Alexandra Cretté

Née à Aubervilliers, Alexandra Cretté est professeure de Lettres modernes en Guyane depuis dix-neuf ans.
Autrice de poésie, de nouvelles, de théâtre, elle tente tous les genres mais revient toujours à la forme poétique, qui lui est plus spontanée. Fondatrice de la revue Oyapock, son recueil poétique Par le regard de ces autres mal nés, mention spéciale du jury du Prix Balisaille en 2023, a été publié chez Atlantiques déchaînés en 2024.

Illustrations de couverture de Flore Vaillant : 1- Allégorie, 2- Itinérances pan-amazoniennes, 3- Paradis blanc.

15,00

UGS : 978-2-492182-37-2 Catégorie :

Trois chants parallèles sur les Amériques qui, ne se croisant jamais, intiment à la lecture de tracer son propre chemin d’un texte à l’autre, de construire comme bon lui semble des ponts aléatoires et mouvants entre eux.
Cantique hors du temps aux Orixás, carnet de voyage et histoire des projets de déportations intracontinentales ; Panoptica Americana tisse une poésie polyphonique où s’entremêlent le sacré et le profane, l’intime et le politique.
La parole poétique se penche sur ce qui passe et sur ce qui demeure de la violence de la colonisation comme de la beauté du monde.

 

Euá porte un cœur rougi
entre ses bras
et de jaunes tissus percés
flottant dans l’or
et
dans la pourpre
qui diffusent ses fumées offertes
odorantes d’encens ou de bois de rose
et elle mange des nourritures cosmiques
des fruits rares qui deviendront
selon son seul désir
sublimes ou putrides

Dame des parfums innommables de ton corps
Paradeuse mystique
sainte de tes aisselles de vierge ou de putain
tigre de tes transformations

La Nuit juste avant le feu, c’est la longue et unique phrase du monologue délirant d’un type à la peau noire-bleue qui en hèle un autre dans la rue d’une grande ville d’Europe.
À partir de la pièce de Bernard-Marie Koltès, La Nuit juste avant les forêts (Éditions de Minuit, 1977), Olivier Marboeuf crée un autre texte dans lequel l’écho des révoltes passées enfante les insurrections futures. La prochaine fois, l’émeute.

«…. nos monuments sont partout,
absolument partout, au fond de la mer
et dans les quartiers sans lumière
où gémit le Rabòday,
sur les murs défoncés de Pointe-à-Pitre… les femmes folles à la peau noircie de sucre
qui errent
en racontant des histoires à dormir debout
sur la savane de Fort-de-France,
ce sont nos monuments,
les vieilles transformées en loup-garou aussi, les mecs en ruine, la peau brûlée par le sel, qui répètent toujours le même poème,
ce sont nos monuments…»

Olivier Marboeuf est auteur-conteur, artiste, commissaire d’exposition et producteur de cinéma. Originaire de Guadeloupe, il est aujourd’hui l’une des voix fortes, à la fois poétique et politique, de la scène décoloniale francophone. Il a publié, aux Éditions du Commun, l’essai Suites Décoloniales : s’enfuir de la plantation et le recueil de poésie Les Matières de la Nuit.

10,00

« Endosser une perspective impériale signifie d’abord réinterroger les séquençages temporels, les partages chronologiques, les dates butoirs qui se sont imposées pour séparer et définir les périodes historiques, afin d’envisager des trajectoires plus complexes et enchevêtrées. Cela implique en premier lieu de questionner les généalogies de la modernité et la rupture radicale supposée être au fondement de cette dernière, pour envisager les modes de coexistence et d’imbrication des temporalités hétérogènes qui en ont été constitutives, réévaluer les apparents « retours en arrière » qui ont plus ou moins secrètement accompagné la « marche en avant » célébrée par les philosophies du progrès, penser en somme l’irruption du nouveau comme étant toujours pour une part l’effet de logiques de répétition différenciée de l’ancien. Cet autre rapport au temps engage indissociablement un autre rapport à l’espace et aux géographies du pouvoir. Il est susceptible de subvertir les cartographies de la modernité et de ses autres, les frontières dont le tracé a non seulement servi la définition de cette même modernité mais aussi, le plus souvent, délimité le terrain de ses critiques. »

À rebours de la conception habituellement acceptée de la naissance de la modernité comme transition de l’ère des empires à celle des États-nations, le présent ouvrage entend démontrer que l’idée d’empire est demeurée présente au sein de l’ordre global des cinq derniers siècles et qu’elle n’a cessé, jusqu’à nos jours, d’inspirer les théoriciens et idéologues, de la conquête coloniale en particulier et des logiques globales de la souveraineté en général.
De l’Empire espagnol né de la conquête des Indes occidentales et dans lequel s’élaborent des utopies et des pratiques de gouvernementalité qui connaîtront une large diffusion, à l’utilisation de l’idée de guerre froide dans le saut qualitatif effectué par le système impérial «américain» après la Seconde Guerre mondiale, en passant par la définition de l’État moderne dans la philosophie de Hobbes alors que se profile l’Imperium britannicum ou, enfin, par l’observation des situations post-impériales dans les États issus de la chute de l’URSS ; Claude Bourguignon Rougier, Matthieu Renault, Marta Ruiz Galbete et Olga Bronnikova tracent les lignes de force de la trajectoire impériale de la modernité et proposent ainsi d’autres perspectives à notre compréhension du présent.

18,00