Description
Rosan Girard (1913-2001) est certainement le leader politique guadeloupéen le plus considérable de la deuxième moitié du XXe siècle.
Docteur en médecine au service des petits et des malheureux, opposant au régime de Vichy et principal fondateur du parti communiste guadeloupéen en 1943, il fut un dirigeant charismatique : maire de la commune du Moule entre 1945 et 1971, en lutte contre la fraude électorale et l’arbitraire colonial jusqu’au Conseil d’État, et député durant toute la IVe République.
Rosan Girard a élaboré une pensée politique d’inspiration marxiste – rigoureuse et audacieuse – qui combinait la recherche du développement économique et celle de la libération nationale du peuple guadeloupéen.
À rebours de la doctrine coloniale assimilationniste et de la loi de départementalisation du 19 mars 1946, Rosan Girard milita pour l’instauration d’un pouvoir législatif guadeloupéen dans le cadre d’une association avec la République française.
Cette volonté de penser une libération ancrée au réel du peuple guadeloupéen en s’affranchissant de tout dogme l’entraînera à l’écart, à la fois du parti communiste – qu’il avait fondé et qui le désavouera pour manque d’orthodoxie – et de la mouvance indépendantiste née au début des années soixante, dont il critiquera l’« aventurisme ».
Homme d’idées et d’idéal – non de pouvoir –, humaniste en quête permanente d’une nouvelle pensée de la révolution, Rosan Girard mourra en exil, en rupture avec le rythme d’une terre natale à laquelle il a pourtant consacré, jusqu’à la dernière pulsation de ses veines, sa vie, ses pensées et son espérance révolutionnaire.
Pour le vingtième anniversaire de sa mort, cette étude solidement documentée, initialement publiée en 1993 et depuis épuisée, a été entièrement actualisée et enrichie afin d’offrir une réflexion de fond sur l’histoire politique de la Guadeloupe et, au-delà, sur une expérience de combat pour l’émancipation humaine.
Puisse-t-elle raviver la pensée d’un géant oublié auprès de nouvelles générations de femmes et d’hommes ayant soif de liberté et de justice.
Jean-Pierre Sainton est professeur à l’Université des Antilles. Son champ spécifique de recherches porte sur l’histoire sociale, culturelle et politique comparée de la Caraïbe, particulièrement des Antilles françaises.
Il est l’auteur de nombreux articles et ouvrages dont, aux éditions Jasor, Couleur et société en contexte post-esclavagiste : La Guadeloupe à la fin du XIXe siècle, contribution à l’anthropologie historique de l’aire afro-caribéenne et La décolonisation improbable : cultures politiques et conjonctures en Guadeloupe et en Martinique (1943-1967).
Il dirige, aux éditions Karthala, l’ouvrage collectif Histoire et Civilisation de la Caraïbe (prévu en 6 volumes dont 2 sont déjà parus).
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