Description
« Ces nouvelles, dans leur diversité, s’opposent au silence comme à l’anonymat du fait divers dans lequel on a voulu enterrer les événements historiques qui ont lieu en Haïti depuis 2018. Elles ont toutes été écrites en mai et juin 2021. Avant l’assassinat du président de facto Jovenel Moïse. On pourra juger que telle ou telle a quelque chose de prémonitoire.
De quoi est-il question ? De milliers de citoyens qui ne cessent, depuis plus de trois ans, de protester contre un pouvoir corrompu, criminel, illégitime. Les États occidentaux, mais aussi la presse dans sa grande majorité, ont banalisé la répression autant que les revendications, donnant l’impression que sévit en Haïti un chaos produit sans doute par une tare, un déficit partagé. Silence donc. Interrompu parfois par une lecture superficielle, folklorisante. Dénégation de toute profondeur, de tout sens. Racisme qui s’ignore quand on parle d’un peuple comme d’un enfant qui ne sait ni ce qu’il fait ni ce qu’il veut.
Ces nouvelles s’opposent à cette statistique du non-sens dans laquelle on a voulu enfermer de vastes mouvements de foule, des choix politiques et sociaux pour la défense des droits humains et l’amélioration des conditions d’existence des exclus et des exploités. En face, des armes. L’utilisation du banditisme comme outil de répression, la police qui tire à balles réelles, les persécutions politiques, l’arbitraire sous toutes ses formes.
L’assassinat d’un président illégitime, plus solitaire et moins puissant qu’il ne le croyait, attire la presse et les commentaires lapidaires. Mais cette présence de la mort dans la vie, cette non-vie d’un peuple luttant pour son avenir, peut-on en parler enfin ? »
Extrait de la préface de Lyonel Trouillot
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